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DE LA FRANCE AU KAZAKHSTAN, REFUSER L'UNIFORMISATION LINGUISTIQUE IMPERIALE

Avec l'autorisation de son auteur, M. Jean-Marie Chauvier, nous publions cette brève analyse de la situation linguistique dans l'espace postsoviétique. Il s'agit d'un échange entre militants progressistes belges à propos de la situation au Kazakhstan. Là-bas comme en d'autres lieux, y compris en France, l'identitarisme ethnique, ici tourné contre le français et la République indivisible, là-bas tourné contre la langue russe, l'expérience soviétique... et les minorités non kazakh résidant au Kazakhstan, fait le jeu du tout-anglais de l'Empire euro-atlantique en mal d'hégémonie mondiale.

Georges Gastaud

Le document en attaché est passionnant, révélateur de la vague identitaire qui, autour de la langue kazakhe (et sous la conduite du pouvoir actuel) devrait mettre fin non seulement à la prééminence du russe, mais à la réalité multiculturelle  héritée de l’URSS et même à la présence physique des ethnies non-kazakhes. (pour rappel: des dizaines de langues étaient parlées, écrites, enseignées dans l’ancienne Union soviétique, même si le russe était dominant dans l’administration et la communication, entre nations-républiques et au sein même des républiques entre les diverses minorités. Historiquement, l’URSS avait connu trois périodes: encouragement aux langues nationales dans les années vingt, russification sous Staline, retour à plus d’autonomies culturelles dans la dernière période).

Avec l’accession aux indépendances, il est logique que l’on en vienne à des politiques linguistiques exclusives. Cette poussée nationale-identitaire se manifeste également en Ukraine, en Géorgie et dans d’autres anciennes
républiques soviétiques. Ne s’agit-il pas du même phénomène des passions identitaires observées un peu partout ? Certains diront que les peuples renouent ainsi  avec leurs « identités » propres et se « décolonisent ». Sauf que, à mon sens, et sans nier l’intérêt de développer les langues nationales (mais pourquoi pas « régionales » ?)  cela se fait au profit des seules nations dominantes et au détriment des minorités, dont certaines sont littéralement chassées du pays (Kazakhstan), d’autres privées de leurs statuts d’autonomies (Abkhazes et Ossètes en Géorgie) ou privés d’une partie des droits civiques (Lettonie). Ces passions identitaires favorisent également les nationalismes, la xénophobie, le racisme, le fascisme et les intégrismes religieux

Enfin, « big question » : lorsque la langue de communication et de culture de cette immense communauté humaine qu’était le peuple soviétique, soit la langue russe, ne sera plus enseignée ni d’usage courant, quelle langue verra-t-on, et voit-on déjà s’imposer ? La langue d’un monde très éloigné de cette région, mais de plus en plus présent par les capitaux, les technologies, la corruption des élites, le mode de vie des jeunes et…la langue:  le monde anglo-américain. Bonjour l’Empire !

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