LE S.N.E.S. DU LYCÉE CONDORCET (LENS, 62) DÉNONCE LA PRIVATISATION RAMPANTE ET L'ANGLICISATION GALOPANTE DE L'EDUCATION NATIONALE
Motion STOP PUB Pronote : pour une « aide à l’orientation » vraiment gratuite (motion des élus enseignants à l’initiative de la liste snes-cgt : CA du 12/02/21)
Durant près d’une semaine fin janvier, quiconque se connectait à Pronote (base payante qui héberge la messagerie du lycée, ainsi que le cahier de texte et les relevés de notes) se voyait proposer gratuitement un QCM sur Parcoursup, sous la marque « L’Etudiant ». De même, la page d’accueil officielle du lycée Condorcet, propose dans la rubrique « informations aux lycéens et à leurs familles » une fenêtre « LETUDIANT.FR Parcoursup » donnant accès à la plateforme éponyme et ses multiples rubriques, depuis le calendrier des « salons de L’étudiant », aux « boîtes à outils » et autre « coaching » en tous genres.
La gratuité apparente de ces services - toujours plus avides de nos données personnelles - pourrait engourdir notre vigilance, mais difficile d’oublier que la société « l’Etudiant » - ex-filiale de SFR Presse (groupe Altice), récemment revendue à Comexposium (3e organisateur mondial dans le salon et l’évènementiel) - fait un chiffre d’affaire de plusieurs dizaines de millions d’euros, principalement à travers l’organisation de salons destinés à l’orientation.
Plus choquant, l’internaute à la recherche d’une aide gratuite à l’orientation, aboutit en quelques clics à la proposition commerciale de « Futurness by l’Etudiant », proposant du coaching via différents produits, dont le « pack métier » à 249 euros, le « pack études » à 349 et le « pack Sup » à 588 E. A l’heure où les CIO (et les personnels psy-EN) sont victimes de restrictions budgétaires drastiques, précisons que « Futurness » - incontournable dans les salons dédiés à l’orientation – ne manque ni de clients, ni de financements auprès de ses partenaires, dont l’Etudiant et la caisse d’épargne.
Mais le grand marché de l’orientation s’invite désormais sur le site officiel de Parcoursup où la rubrique « des services numériques d’aide à l’orientation » vous ouvre une offre que se partagent 11 plateformes (dont le « My Road » de l’Etudiant, mais aussi « Hello Charly », ou encore « jobirl », entendez « job in real life », car la référence à l’anglais des affaires est devenue un incontournable du genre…). Le financement public de ces plateformes « gratuites » labellisées parcoursup était de 5 millions d’Euros en 2019. Mais cette « gratuité » pour les lycéens, sinon pour le contribuable… implique une approche orientée et sélective. Car à ce prix là, pas de coaching individualisé comme le confesse Boris Walbaum, le coprésident d’Article 1 (plate-forme « Inspire », 1ere labellisée du secteur) :
« Il faut sortir de l'angélisme. Nous pensons que l'orientation, c'est savoir, vouloir, pouvoir. Je ne connais pas de système d'orientation qui détecte Mozart. Quand vous avez un coach individuel, personnalisé, et les moyens de financer tout ça, peut-être. Mais à l'échelle du pays, ça ne marche pas (.../…). Ce ne serait pas une bonne chose d'encourager des élèves à aller vers une filière où leur probabilité d'échec est de 99 %. Donc oui, il y a un petit côté H&M, prêt-à-porter. Mais toute la France ne peut pas s'habiller chez Vuitton. »
(Site Libération « Inspire, une plateforme très orientée » publié le 29-05-2019).
Quant à ceux qui préfèrent le Vuitton, bonne nouvelle, il vous reste « Futurness by l’étudiant » et ses box de coaching payantes ! Tout cela en dit long sur les intentions des artisans de ces réformes (orientation/bac/lycée), dont parcoursup est la clé de voûte...